Yacine Soubabe
Le haut du panier
Athlète parasport et champion du monde du 100 mètres en 2009, catégorie moins de 18 ans, Yacine Soubabe se convertit au basket fauteuil en 2020. Apres 2 saisons en 1re division en Irlande, le Cachanais évolue désormais a Paris en N1.
La galère. À la recherche d’un logement depuis 7 ans et confronté au manque d’offres accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR), Yacine pousse la porte de la mairie et se fait accompagner par la Ville. « Je me suis senti soutenu grâce à des services d’une grande efficacité. » Pour celui qui a grandi en banlieue, « cette ville, où les offres de loisirs, la nature… ne manquent pas, est un bon mixte de population ». Ici, pas de ghetto mais des « logements sociaux intégrés en centre-ville ». Le chemin jusqu’à Cachan n’a, lui, pas toujours été facile.
De la piste au parquet
Lors d’un grave accident de la route au Togo, Yacine, âgé de 2 ans, perd sa mère et l’usage de ses jambes. Malgré cela, le jeune homme baigne dans le sport. À commencer par l’école EREA de Vaucresson où il tient une place centrale. « À la récré, les éducateurs spécialisés adaptaient les pratiques sportives au handicap des enfants », se souvient l’athlète qui fut l’un des meilleurs sprinters au monde sur 100 et 200 m.
Au collège, il s’inscrit en basket fauteuil à l’UNSS. Plus tard, sa belle-mère, ex-athlète internationale marocaine et sa « coach mentale », lui insuffle la fibre de l’athlétisme à 11 ans.
La poésie de l'effort
Il apprécie alors la sensation de vitesse, de liberté, « l’esthétisme qui transcende la condition du handicap avec ce fauteuil qui ressemble à une voiture de course. » Dans le son des mains qui agrippent les roues, dans ces corps qui ondulent, il perçoit la beauté, la douce chorégraphie. Pourtant, « dans le peloton, c’est la guerre ! ».
Très dur psychologiquement et physiquement, ce sport, adoré des spectateurs, est ingrat. Et avant de « pouvoir s’amuser, il faut maîtriser son fauteuil, apprendre à éviter de se blesser ». Justement, alors qu’il se prépare pour les JO de Rio 2016, il se brise le fémur. Il s’éloigne alors un temps du sport, avant de reprendre le basket fauteuil.
En Irlande, où il part après ses études, il remporte 7 titres nationaux avec les Rebel Wheelers de Cork. De retour en France, il intègre une section basket handisport au CapSAAA Paris pour évoluer aujourd’hui en N1 et N3. Mais l’appel du stade est toujours là. Il pense reprendre l’athlétisme et garde un oeil sur les JO de 2028. Reste à choisir la discipline…
Bio express
1992 : Naissance à Montmorency (95).
1995 : Accident de voiture qui marquera « un tournant » dans sa vie.
2009 : Athlète parasport, il devient champion du monde – de 18 ans du 100 m et médaillé de bronze du 400 m (athlétisme).
2014 : Il intègre un groupe d’athlètes pour une qualification aux Jeux de Rio 2016, coaché par Claude Issorat, 9 fois champion paralympique.
2023 : Emménagement dans un logement adapté, après plusieurs années dans un foyer de la ville.
2024 : Il monte son auto-entreprise avec laquelle il s’attaque aux enjeux de diversité et d’inclusion.
Crédit photo : Henri Perrot